— Qu’est-ce qu’ils ont encore fait, ces petits cons ? dit-il à voix haute en tapant la terre avec son pied.
Il valait mieux le savoir tout de suite. Ce qu’ils avaient enterré pouvait endommager son équipement.
Il se tourna vers son équipe et fit signe à Duke d’arrêter le tracteur. Quand le moteur cessa de tourner, George cria à ses fils :
— Jasper, Roland, allez me chercher la pelle dans la cabine du tracteur.
— Qu’est-ce qu’il y a, papa ? demanda Jasper.
— Je ne sais pas. Vas-y.
Quelques minutes plus tard, Duke et les garçons marchaient vers lui. Jasper tendit la pelle à son père.
Sous le regard attentif du groupe, George tâta le sol avec sa pelle. Une étrange odeur aigre lui remonta dans le nez.
Une terreur sourde lui noua le ventre.
Qu’est-ce qu’il y a là-dessous ?
Il retourna quelques pelletées de terre avant de toucher quelque chose de solide, mais mou.
Il pelleta en faisant attention, pour déterrer ce qui se trouvait là. Quelque chose de pâle apparut.
George eut besoin de quelques instants pour comprendre ce que c’était.
— Oh merde ! hoqueta-t-il, le ventre noué d’effroi.
C’était une main – la main d’une jeune femme.
Le lendemain matin, Riley regardait Blaine leur préparer un petit déjeuner composé d’œufs Bénédicte, de jus d’orange fraichement pressé et de café noir. Elle avait eu la preuve que les ex-maris n’étaient pas les seuls à faire l’amour avec passion. Et c’était agréable de se réveiller avec un homme.
Elle était heureuse et reconnaissante envers Gabriela qui lui avait dit qu’elle s’occuperait de tout quand Riley lui avait téléphoné la nuit dernière. Mais elle ne put s’empêcher de se demander si cette relation allait survivre, étant donné ce qui se passait dans sa vie.
Riley décida de ne plus y penser et de profiter de cet excellent repas. Mais, tout en mangeant, elle remarqua que Blaine avait l’esprit ailleurs.
— Qu’est-ce qu’il y a ? demanda-t-elle.
Blaine ne répondit pas. Son regard partait de tous côtés. Il semblait mal à l’aise.
Elle ressentit une pointe d’inquiétude. Quel était le problème ?
Regrettait-il ce qui s’était passé la nuit dernière ? Etait-il moins satisfait qu’elle ?
— Blaine, qu’est-ce qui se passe ? demanda Riley d’une voix un peu tremblante.
Après un bref silence, Blaine dit :
— Riley, je ne me sens pas… en sécurité.
Riley ne comprit pas tout de suite. La chaleur et l’affection qu’ils avaient partagées la nuit dernière s’étaient-elles soudain évanouies ? Que s’était-il passé pour que cela change ?
— Je… Je ne comprends pas, bafouilla-t-elle. Que veux-tu dire ? Comment ça, tu ne te sens pas en sécurité ?
Blaine hésita, puis il dit :
— Je crois que j’ai besoin d’acheter une arme. Pour me protéger.
Ces mots firent sursauter Riley. Elle ne s’attendait pas à ça.
Mais peut-être que j’aurais dû, pensa-t-elle.
Assise en face de lui, elle voyait bien la cicatrice sur sa joue gauche. Il avait été blessé en novembre dernier, dans la propre maison de Riley, en essayant de protéger April et Gabriela d’un assaillant assoiffé de revanche.
Riley se rappelait encore la terrible culpabilité qu’elle avait ressenti en voyant Blaine inconscient sur un lit d’hôpital.
Et maintenant, ce sentiment de culpabilité revenait en force.
Blaine serait-il en sécurité s’il fréquentait Riley ? Aurait-il l’impression que sa fille était en sécurité ?
Et avait-il vraiment besoin d’une arme pour l’être ?
Riley secoua la tête.
— Je ne sais pas, Blaine, dit-elle. Je n’aime pas tellement que les civils aient des armes chez eux.
Dès qu’elle eut prononcé cette phrase, Riley se rendit compte à quel point elle était condescendante. Elle ne sut dire à l’expression sur le visage de Blaine s’il était blessé ou offensé. Il semblait attendre qu’elle en dise plus.
Riley but une gorgée de café, en rassemblant ses pensées. Elle dit :
— Tu sais que d’un point de vue statistique, avoir une arme à la maison provoque plus souvent des accidents, des suicides ou mêmes des homicides plutôt que d’assurer la protection des membres de la famille ? En fait, ceux qui possèdent une arme à feu ont plus de risques d’être victimes d’un homicide que les gens qui n’en ont pas.
Blaine acquiesça.
— Ouais, je sais tout ça, dit-il. J’ai fait des recherches. Je connais aussi les lois sur la légitime défense dans l’état de Virginie. Et je sais qu’ici, on a le droit de porter son arme à la vue de tous.
Riley pencha la tête d’un air approbateur.
— Dans ce cas, tu es mieux préparé que la plupart des gens qui décident d’acheter une arme. Mais quand même…
Elle se tut. Elle hésitait à dire ce qu’elle avait en tête.
—Qu’est-ce qu’il y a ? demanda Blaine.
— Blaine, tu voudrais acheter une arme si je ne faisais pas partie de ta vie ?
— Oh, Riley…
— Dis-moi la vérité, s’il te plait.
Blaine baissa les yeux vers son café pendant un long moment.
— Non, dit-il enfin.
Riley tendit le bras par-dessus la table pour lui prendre la main.
— C’est ce que je pensais. Et je suis sûre que tu comprends ce que je ressens. Je t’aime beaucoup, Blaine. C’est terrible pour moi de savoir que ta vie est plus dangereuse à cause de moi.
— Je comprends, dit Blaine. Mais je veux que tu me dises la vérité, toi aussi. Et s’il te plait, ne le prends pas mal.
Riley se prépara mentalement à ce que Blaine était sur le point de lui demander.
— Ce que tu ressens, est-ce vraiment un bon argument pour m’empêcher d’acheter une arme ? Après tout, c’est un fait, je suis plus en danger qu’un citoyen lambda et je dois pouvoir me défendre, ainsi que ma fille… et peut-être même toi.
Riley haussa les épaules. Elle était triste de le reconnaitre, mais Blaine avait raison.
Si une arme pouvait lui permettre d’être plus en sécurité, il devait en avoir une.
Elle était également certaine qu’il agirait toujours de façon responsable.
— D’accord, dit-il. Finissons de manger. Ensuite, on va faire du shopping.
*
Plus tard dans la matinée, Blaine entra dans une armurerie avec Riley. Il se demanda immédiatement s’il faisait une erreur. Il n’arrivait même pas à compter les armes terribles sur les murs et derrière des vitrines. Il n’avait jamais tiré de sa vie – sauf quand il était gamin avec un jouet.
Dans quel pétrin je me suis fourré ? se demanda-t-il.
Un grand homme barbu vêtu d’une chemise à carreaux allait et venait au milieu de sa marchandise.
— Je peux vous aider, monsieur-dame ? demanda-t-il.
Riley dit :
— On cherche quelque chose pour mon ami. Il veut se protéger chez lui.
— Je suis sûr qu’on va trouver quelque chose qui va vous convenir, dit l’homme.
Blaine se sentit mal à l’aise sous le regard du vendeur. Ce ne devait pas être tous les jours qu’une belle femme emmenait son petit ami dans une armurerie pour l’aider à choisir une arme.
Blaine ne put s’empêcher d’être gêné. Il était même gêné d’être gêné. Il n’était pourtant pas du genre à faire des complexes sur sa virilité.
Alors que Blaine essayait de reprendre ses esprits, le marchand d’armes jeta un regard au pistolet de Riley d’un air approbateur.
— Ce Glock 22 que vous avez là, c’est une belle pièce, Miss. Vous travaillez pour les forces de l’ordre ?
Riley sourit et lui montra son badge.
L’homme montra d’un geste du bras une rangée d’armes similaires dans leur boîte en verre.
Читать дальше