1 ...6 7 8 10 11 12 ...16 — Je…Je suis désolée, monsieur, bégaya Riley.
— Vous pouvez l’être, dit Crivaro. Je vous sors d’ici avant que vous ne salopiez autre chose.
Il se leva du sol et s’épousseta les mains.
— McCune, dit-il, faites travailler l’équipe de recherche. Quand vous aurez fini les pièces de cet étage, occupez-vous du grenier. Je ne pense pas qu’on trouvera grand-chose d’autre, mais il faut être minutieux.
— Comptez sur moi, répondit McCune.
Crivaro ramena Riley jusqu’à sa voiture.
Alors qu’ils s’en allaient, Riley demanda…
— On retourne au quartier général ?
— Pas aujourd’hui, dit Crivaro. Peut-être jamais. Où habitez-vous ? Je vous ramène chez vous.
Sa voix étouffée par l’émotion, Riley lui donna son adresse.
Tandis qu’ils roulaient dans le plus grand des silence, Riley se rappela à quel point Crivaro avait été impressionné par Riley lors des événements de Lanton, et comment il lui avait dit...
« Le FBI a besoin de jeunes gens comme vous, surtout des femmes. Vous feriez un très bon agent de l’UAC. »
Les choses avaient bien changé !
Et elle savait que ce n’était pas seulement à cause de la bourde qu’elle avait commise. Crivaro avait été froid avec elle depuis le début aujourd’hui.
Pour le moment, Riley voulait simplement qu’il dise quelque chose, n’importe quoi.
Elle demanda timidement…
— Avez-vous trouvé quelque chose dans l’autre pièce de l’autre côté du couloir ? Je veux dire, où était le monte-plats ?
— Absolument rien, répondit-il.
Le silence s’installa à nouveau. Riley commençait à se sentir confuse.
Elle savait qu’elle avait fait une terrible erreur, mais...
Qu’est-ce que j’étais censé faire ?
Elle avait eu l’intuition dans cette pièce qu’il y avait quelque chose sous le plancher.
Était-elle supposée ignorer ce sentiment ?
Elle rassembla son courage et dit…
— Monsieur, je sais que j’ai merdé, mais n’ai-je pas trouvé quelque chose d’important là-bas ? Quatre agents ont fouillé cette pièce et ont raté cette planque. Vous cherchiez l’argent, et je l’ai trouvé. Quelqu’un d’autre l’aurait trouvé si je ne l’avais pas fait ?
— Ce n’est pas la question, dit Crivaro.
Riley étouffa l’envie de demander...
Si ce n’est pas la question, alors de quoi s’agit-il ?
Crivaro poursuivit sa route dans un silence morose encore quelques minutes. Puis il dit d’une voix calme et amère…
— J’ai fait des pieds et des mains pour vous faire entrer dans ce programme.
Un autre silence tomba. Mais Riley perçut énormément de significations à ces paroles. Elle commença à réaliser à quel point Crivaro s’était mis dans une position délicate pour elle, non seulement pour qu’elle participe au programme, mais aussi pour lui servir de mentor. Et il s’était probablement mis certains de ses collègues à dos, peut-être en excluant des candidats internes qu’ils auraient pu juger plus prometteurs que Riley.
Maintenant qu’elle voyait les choses de cette façon, le comportement froid de Crivaro commençait à prendre tout son sens. Il n’avait pas voulu montrer le moindre favoritisme à son égard. En fait, il était allé à l’autre extrême. Il comptait sur elle pour se montrer digne de sa place sans aucun encouragement de sa part, et malgré les doutes et les ressentiments de ses collègues.
Et à en juger par les regards et les chuchotements qu’elle avait remarqués parmi d’autres stagiaires durant la journée, les collègues de Crivaro n’étaient pas les seuls à nourrir ces ressentiments. Elle allait devoir réaliser des exploits ne serait-ce que pour valider un succès même modeste.
Et elle avait tout gâché en une après-midi, d’une manière stupide. Crivaro avait de bonnes raisons d’être déçu et en colère.
Elle prit une longue et lente inspiration.
— Je suis désolée, ça n’arrivera plus.
Crivaro resta silencieux quelques instants.
Finalement il ajouta…
— Je suppose que vous voulez une seconde chance. Eh bien, laissez-moi vous dire que ce n’est pas la spécialité du FBI. Mon dernier partenaire s’est fait virer pour avoir commis le même genre d’erreur, et il le méritait vraiment. Une telle erreur a des conséquences. Parfois, ça veut juste dire ruiner une affaire et permettre à un sale type de s’en sortir indemne. Parfois, ça coûte la vie à quelqu’un. Cela peut vous coûter la vie.
Crivaro la regarda d’un air renfrogné.
— Alors que pensez-vous que je doive faire ? lui demanda-t-il.
— Je ne sais pas, dit Riley.
Crivaro secoua la tête…
— Je ne sais pas non plus. J’imagine qu’on va devoir y réfléchir tous les deux. Je dois décider si j’ai mal jugé de vos capacités. Vous devez décider si vous avez vraiment ce qu’il faut pour rester dans ce programme.
Riley sentit une boule dans sa gorge, et ses yeux commencèrent à piquer.
Ne pleure pas, se dit-elle.
Pleurer à ce stade serait la seule réaction capable d’empirer encore les choses.
CHAPITRE CINQ
Toujours piquée par le sermon de Crivaro, Riley arriva à l’appartement deux heures avant Ryan. Quand Ryan arriva, il eut l’air surpris de la voir rentrée si tôt, mais il était trop excité par sa propre journée pour remarquer à quel point elle était bouleversée.
Ryan s’assit à la table de la cuisine avec une bière pendant que Riley réchauffait les macaronis au fromage de leur repas télé. Elle pouvait deviner qu’il était vraiment excité par tout ce qu’il avait fait au cabinet d’avocats et qu’il avait hâte de tout lui raconter. Elle essaya de lui prêter attention.
On lui avait confié plus de tâches qu’il ne s’y attendait ; beaucoup de recherches et d’analyses complexes, la rédaction de mémoires, la préparation aux litiges et d’autres tâches que Riley comprenait à peine. Il devait même comparaître dans une salle d’audience demain pour la toute première fois. Il n’allait qu’assister les avocats en chef, bien sûr, mais c’était une étape importante pour lui.
Ryan semblait nerveux, découragé, peut-être un peu effrayé, mais par-dessus tout exalté.
Riley essaya de continuer à sourire tandis qu’ils s’asseyaient et commencèrent le repas. Elle voulait être heureuse pour lui.
Finalement, Ryan demanda...
— Waouh, écoute-moi parler. Et toi, dis-moi ? Comment s’est passée ta journée ?
Riley avala difficilement.
— Ça aurait pu être mieux, dit-elle. En fait, c’était plutôt horrible.
Ryan se pencha par-dessus la table et lui prit la main avec une expression d’inquiétude sincère.
— Je suis désolé, dit-il. Tu veux en parler ?
Riley se demandait si le fait d’en parler lui ferait du bien.
Non, je ne ferais que pleurer.
De plus, Ryan pourrait ne pas être ravi d’apprendre qu’elle avait été sur le terrain aujourd’hui. Ils avaient été tous les deux persuadés qu’elle s’entraînerait en toute sécurité à l’intérieur. Non pas qu’elle ait été en danger...
— Je préfère ne pas entrer dans les détails, dit Riley. Mais tu te souviens de l’agent spécial Crivaro, l’homme du FBI qui m’a sauvé la vie à Lanton ?
Ryan hocha la tête.
Riley poursuivit…
— Eh bien, il était censé être mon mentor. Mais il doute maintenant de mes capacités à faire partie du programme. Et... Je suppose que j’ai aussi des doutes. Peut-être que tout ça était une erreur.
Ryan lui serra la main sans un mot.
Riley aurait aimé qu’il parle. Mais que voulait-elle qu’il dise ?
Qu’attendait-elle qu’il lui dise ?
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