En vain un galant fait le beau,
A beaux traits, beaux habits, beau linge, et belle tête,
Si du reste c’est une bête,
Il n’est bon qu’à jeter en l’eau.
Un Renard voyant un fromage dans le bec d’un Corbeau, se mit à louer son beau chant. Le Corbeau voulut chanter, et laissa choir son fromage que le Renard mangea.
On peut s’entendre cajoler,
Mais le péril est de parler.
La Grue demanda à un Cygne, pourquoi il chantait: – C’est que je vais mourir, répondit le Cygne, et mettre fin à tous mes maux. -
Quand d’une extrême ardeur on languit nuit et jour,
Cette ardeur devient éloquente,
Et la voix d’un amant n’est jamais si charmante,
Que quand il meurt d’amour.
Un Loup voyant une belle Tête, chez un Sculpteur, disait: – Elle est belle, mais le principal lui manque, l’esprit et le jugement. -
Pour tenir dans les fers un amant arrêté,
Il faut joindre l’esprit avecque la beauté.
Le serpent et le hérisson
Un Serpent retira dans sa caverne un Hérisson qui s’étant familiarisé, se mit à le piquer. Il le pria de se loger ailleurs. – Si je t’incommode, dit le Hérisson, tu peux toi-même chercher un autre logement. -
Introduire un ami chez la beauté qu’on aime,
Est bien souvent une imprudence extrême,
Dont à loisir on se repent;
L’ami prend votre place, est aimé de la belle,
Et l’on n’est plus regardé d’elle
Que comme un malheureux serpent.
Les canes et le petit barbet
Un petit Barbet poursuivait à la nage de grandes Canes. Elles lui dirent: – Tu te tourmentes en vain, tu as bien assez de force pour nous faire fuir, mais tu n’en as pas assez pour nous prendre. -
Il faut que l’objet soit sortable;
C’est autrement soi-même se trahir,
Quand on n’est pas assez aimable;
Plus on poursuit, plus on se fait haïr.
Le Barbet de cette fontaine court effectivement après les Canes qui fuient devant lui; et le Barbet et les Canes jettent de l’eau en l’air, en tournant l’un après l’autre. Cette fontaine s’appelle aussi la fontaine du gouffre, parce que les eaux qui entrent dans son bassin avec grande abondance, y tournoient avec rapidité et avec bruit; puis s’engouffrent dans la terre et s’y perdent.