C’est à ce moment-là qu’elle sut qu'un mensonge risquerait de l'énerver, entraînant aussi beaucoup d’autres choses… sentant un chaud rougissement lui monter sur les joues, elle lui fit défi en levant le menton et en lui disant calmement la vérité :
– Non.
Elle soupira quand il tourna la poignée de la porte et la ramena dans la chambre. Elle perdit l’équilibre quand il claqua fortement la porte derrière lui. Un seul regard sur l'expression affichée par Michael suffit à l'inquiéter.
– Et… tu comptais aller où ? lui demanda Damon, qui s’était bien assuré de poser la question au passé.
– J'allais juste voir Micah, dit-elle avant de se retrouver les genoux à terre, le visage contre le sol.
– Ah bon ? Parce que tu pensais que tu irais passer la nuit avec lui ? lui demanda doucement Damon.
Un regard confus traversa le visage d'Alicia. Puis elle lança un regard rapide sur son sac ouvert, et vit que de jolis sous-vêtements noirs et que sa brosse à cheveux dépassaient, et elle se mit à soupirer. Bon, d’accord… elle comprenait tout à fait le point de vue de Damon, mais ça n'allait pas l'empêcher de lui enlever ses pensées perverses.
– Il a besoin de moi, commença-t-elle en grognant quand il la coupa immédiatement.
– Ohhhh ! Mais j’en suis sûr !
Il s'approcha d'un pas de plus en s'élevant au-dessus de sa petite taille. En fait, ce dont Micah avait vraiment besoin, c'était d'un prêtre pour ses funérailles.
– Tu sais quoi ? dit-elle lentement en levant les yeux pour lui faire face. Tu n’es… qu’un pauvre con.
– Si t'empêcher de me quitter fait de moi un pauvre con… alors c’est parfait, répondit-il.
– Non, je voulais juste dire que tu n’es qu’un idiot parce que tu croyais que j’allais te quitter, lâcha-t-elle en sentant sa propre colère grandir devant le fait qu'il était encore en train de tirer des conclusions hâtives. Ces vêtements… ils ne sont pas… pour moi… Damon, dit-elle en serrant les dents.
– Ah oui. Je suis sûr qu’ils iraient parfaitement à Micah, dit-il, qui se voyait déjà étrangler ce dernier portant la culotte noire en dentelle qu’il avait repérée.
Enervée, elle voulut grogner un coup, mais préféra s’abstenir parce qu'il y avait du verre dans la pièce. En fait, elle était fière de Damon, car il n’avait pas encore tout cassé. Elle trembla quand des petites fissures se mirent à parcourir le miroir de la coiffeuse… la loi de Murphy à son paroxysme.
– Mais putain, Damon ! Arrête d'être aussi bête ! siffla-t-elle en s'approchant encore plus près de lui et en saisissant le devant de sa chemise pour lui tirer le visage vers le sien. Elle avait appris à intimider le meilleur coach du monde… lui. Micah et son équipe de détectives ont sauvé une louve garou des marchands d'esclaves. Je lui apportais des vêtements pour qu'elle ait quelque chose à se mettre quand elle se réveillera. J'étais sur le point d'aller les retrouver au commissariat parce que je suis une grande fille, Damon, et parce que tout va bien se passer.
– Oh, tu crois ça, hein ? demanda-t-il en se disant qu'elle avait complètement oublié le fait que la ville était pleine de démons.
– En effet. Tu viens d'aider ton frère… maintenant, c’est à mon tour d'aider le mien. Et depuis quand est-ce qu’il m’est illégal d'aider ma famille quand on me le demande ? dit-elle en levant un sourcil pour le mettre au défi de lui dire non.
– Dans ce cas, ça ne te pose pas de problème si je viens avec toi ? Non ? grogna Damon, qui n'aimait pas l'image d'elle se tenant là avec sa valise de fortune, comme une petite fugitive.
Elle sourit :
– Parfait ! Et quand je te prouverai que ta première théorie est fausse… tu devras me laisser te menotter au lit.
– Ce n'est pas une négociation, lui déclara-t-il en croisant les bras sur sa poitrine.
– Non, tu as raison… c'est un pari, répondit-elle avec une expression arrogante sur le visage. Et si tu me suis jusqu'à cette porte, ça veut dire que tu acceptes l'accord.
Relevant le menton d'un cran plus haut, elle tourna autour de lui et passa la porte.
Il serra les dents et ses yeux se dirigèrent vers le miroir lorsque de nouvelles fissures apparurent à sa surface. Il calma sa colère, content d'avoir mal interprété ce qu’Alicia s’était apprêtée à faire. De plus, il dut admettre que la laisser le menotter au lit était une perspective plutôt intéressante.
Michael, qui ne pouvait plus supporter d’être enfermé entre quatre murs, se dirigea vers le toit une fois qu'Alicia et Damon disparurent dans leur chambre. Il grimaça lorsqu’il constata que la porte ne se refermait plus correctement : encore des réparations à prévoir ! Le début de la soirée promettait d'être frais et il ferma les yeux dans son bonheur.
Attiré par le bruit que fit la porte d'entrée en s’ouvrant, il avança jusqu'au bord du toit et regarda vers le bas. Il vit Damon et Alicia qui sortaient et Alicia faillit tomber sur le parking. Il sentit un sourire tirer ses lèvres quand Damon la rattrapa et lui prit la main.
Si ce n’était pas ce qu’il en avait pensé au départ, il en était certain, maintenant : Alicia était parfaite pour son frère. Elle savait comment gérer son tempérament et obtenir ce qu'elle voulait.
Il leva un sourcil quand Damon l’approcha de lui pour l’embrasser. Le couple prit un moment pour se retrouver, puis il leva les yeux en l’air, et, voyant son frère le regarder, il lui rendit son regard en levant à son tour un sourcil. Michael pencha la tête d’un côté et haussa les épaules. Comme s'il sentait ce qu’il se passait dans la tête de Michael, Damon serra Alicia dans ses bras et la poussa dans l'ombre.
Michael secoua la tête et laissa un sourire se former sur son visage avant de rentrer. Il s'arrêta à mi-parcours lorsqu'il sentit la passion de Tabatha et Kane monter de l'intérieur du bâtiment.
– Tant pis…, murmura-t-il en se tournant vers les grands immeubles autour du club rénové.
Il roula les épaules et le cou, sentant soudain une montée d'énergie refoulée à l'intérieur de lui. Son esprit se tourna vers Aurora et la passion urgente qu'ils avaient partagée lorsque leurs chemins s’étaient heurtés. Elle était comme une force de la nature qui l'endurcissait d'un seul regard. Il ferma les yeux, imaginant que ses dents s'enfonçaient en elle au fur et à mesure… le nourrissant alors qu'il prenait son sang.
Ce goût sucré persistait encore sur ses lèvres et il les humecta avec sa langue. Il voulait… non, il avait besoin d'être au fond d'elle pour goûter à nouveau son sang.
Ses yeux s'ouvrirent en reconnaissant sa dépendance. Secouant la tête, il décida que ce dont il avait vraiment besoin, c'était d'évacuer une partie de cette énergie qui coulait à travers lui. Cette adrénaline disparaîtrait-elle un jour complètement ? Ou bien était-il damné à l'idée d’avoir en permanence cette envie en lui-même ?
Il descendit du toit pour se diriger en ville, à la recherche de quelque chose… de n'importe quoi pour se libérer l'esprit de cette tentation. Il s'était battu contre Samuel pour donner à Aurora la liberté qu'elle voulait, mais il ne voulait pas non plus devenir son maître.
Il se souvenait de la façon dont elle tenait la main de celui qu'elle avait appelé comme étant son frère… Skye, un beau gosse. Elle le tenait doucement, un peu comme un enfant l’aurait fait… et non de la manière passionnée dont elle lui avait fait preuve. Il lui laissait volontiers l'amour de son frère. De son côté, il attendait qu’elle revienne vers lui en s'occupant comme il le pouvait.
Au fur et à mesure qu'il se déplaçait dans les rues, il commençait à sentir de plus en plus de démons… ceux qui sortaient tard dans la journée et qui s'attaquaient aux pauvres âmes qui s'aventuraient dans les ténèbres. L'envie de se battre l'emporta et il sourit en se disant qu'il pouvait aider à débarrasser le monde de quelques démons et peut-être même à se débarrasser d'une partie de l’excitation qui l’avait envahi… mais au moins, il avait trouvé une distraction.
Читать дальше