Zoe fit à peine cinq pas avant de réaliser qu’elle n’aurait pas la moindre chance de l’attraper.
Dans sa tête, le campus déroula devant elle comme une carte, topographie et angles d’inclinaison inclus. Il sillonna vers la gauche, en se dirigeant vers un groupe de petits bâtiments qui dessinaient la limite du campus. Derrière se trouvait une clôture, construite pour marquer la frontière entre l’Université et la ville autour.
Zoe réfléchit plus vite qu’elle ne courut. Son chemin devait forcément se courber le long de la ligne de la clôture, avant d’atteindre une ouverture et une porte destinée aux piétons. Et seulement s’il avait pris sa carte d’étudiant, ce dont elle savait déjà qu’il aurait besoin pour sortir à cet endroit-là, tout près de quelques immeubles de l’Université.
« Ne le lâche pas ! » cria-t-elle par-dessus son épaule en regardant du coin de l’œil Shelley s’éloigner vers la droite. À cette vitesse, il pouvait toujours lui échapper. Mais elle pouvait traverser une distance plus courte dans le même temps et, estimant ses kilomètres à l’heure avec les siens, elle sut qu’elle pouvait le rattraper à la porte.
Mais uniquement si elle coupait directement à travers une cour ouverte le long d’un couloir étroit entre deux bâtiments et puis directement à travers le parking derrière eux.
Et si personne ne lui coupait le chemin.
Zoe poussa plus fortement sur ses bras et ses jambes, accélérant même quand elle crut atteindre ses limites, luttant contre l’air frais de la nuit qui infiltrait ses poumons. Ce n’était pas souvent ces jours-ci qu’elle devait relever un véritable défi athlétique. Et elle n’était pas aussi jeune que lui. Mais elle prit sur elle, avec l’intention de s’assurer qu’elle y arriverait à temps, même s’il y devait rencontrer un obstacle sur son chemin.
Elle passa la cour en un clin d’œil, puis ce ne fut qu’un sprint à travers le couloir, l’espace étroit étant heureusement dépourvu d’obstacles qui auraient pu lui bloquer le passage. Le sol sous ses pieds se transforma en la sensation dure et remuante du bitume, punissant ses pieds d’avoir choisi de mettre des chaussures de ville à la place de baskets.
Zoe ne pouvait toujours pas voir la clôture de l’autre côté des bâtiments, mais elle put apercevoir la porte. Elle s’y précipita, dans une nouvelle poussée d’adrénaline. Si elle n’y arrivait pas à temps…
Il n’y avait pas de temps à perdre. Zoe donna un dernier et intense effort, amenant son corps au-delà de son point critique naturel.
Le cœur et les pieds de Zoe battaient à l’unisson à travers le parking et elle s’arrêta brusquement lorsque son corps entra en collision avec un autre. Elle tendit ses bras instinctivement pour l’immobiliser, et poussa Jensen Jones contre une clôture de trois mètres de haut pour qu’il ne puisse pas se servir de son puissant gabarit pour s’échapper.
Shelley n’eut que quelques instants de retard. Elle était fortement essoufflée et avait le visage rouge avec des mèches de cheveux dépassant de son chignon, mais elle était là. Elle aida Zoe à lui passer une paire de menottes aux poignets, derrière son dos, tandis qu’elles lui lancèrent, tout en haletant, des avertissements sur le fait de fuir les forces de l’ordre et le droit de l’interroger. Il ne fit que balancer sa tête, tout en essayant de reprendre son souffle lui aussi.
Zoe sentit tout son corps se réveiller. L’air et la lumière avaient comblé les espaces entre ses articulations, et dégourdir ses muscles depuis longtemps endormis lui procurait une sensation merveilleuse. Il y avait aussi, bien sûr, la douleur, particulièrement dans les chevilles qui n’avaient nullement apprécié les secousses à travers le parking. Globalement, elle se sentit très bien. Il y avait quelque chose dans le fait de courir après quelqu’un, les cheveux au vent – et que l’on gagnait.
***
L’immeuble paraissait différent à Zoe maintenant qu’il n’y avait plus personne sauf elle, Shelley et Jensen. Les invités s’étaient dispersés aux quatre vents et les résidents avec eux. Ils allaient sans doute invoquer le déni plausible.
Zoe fouilla l’appartement où logeait Jensen Jones et respira treize gobelets encore pleins d’un liquide qui n’était assurément pas de l’eau, et vérifia quatre cendriers. Shelley fit assoir le jeune sur un canapé dans la pièce ouverte, traînant une chaise de salle à manger pour s’asseoir devant lui. Il n’y restait plus beaucoup d’options pour s’asseoir au propre, alors Zoe choisit de rester debout et d’errer.
Malgré son ébriété évidente, le jeune n’était pas assez perdu pour ne pas comprendre ce qui lui arrivait. Au contraire, il semblait s’être dessaoulé plutôt bien après l’enchaînement de sa course et la révélation qu’elles étaient du FBI et non pas de la police locale.
« C’était juste une soirée, » marmonna-t-il, ses yeux balayant le sol comme s’il cherchait une trace trahissant quelque chose de plus sérieux. « Depuis quand est-ce qu’on appelle le FBI pour les tapages ?
– On ne le fait pas, M. Jones, » dit Shelley d’un air conspirateur. « En réalité, nous vous cherchions expressément. Par rapport à un autre sujet. »
Конец ознакомительного фрагмента.
Текст предоставлен ООО «ЛитРес».
Прочитайте эту книгу целиком, купив полную легальную версию на ЛитРес.
Безопасно оплатить книгу можно банковской картой Visa, MasterCard, Maestro, со счета мобильного телефона, с платежного терминала, в салоне МТС или Связной, через PayPal, WebMoney, Яндекс.Деньги, QIWI Кошелек, бонусными картами или другим удобным Вам способом.