Erec fit décrire à son cheval une large boucle pour se retourner et se retrouver à nouveau face à l’ennemi. Les cavaliers faisaient de même et se préparaient à le charger. Erec était fier de sa réussite, mais il avait de plus en plus de difficulté à respirer. Il savait qu’un nouvel assaut pourrait le tuer. Cependant, il se prépara à charger à son tour : il ne refuserait jamais un combat.
Un cri inhabituel se fit entendre soudain derrière l’armée. Erec fut d’abord stupéfait de voir qu’un contingent de soldats attaquait l’arrière-garde. Il reconnut alors les armures et son cœur s’envola : c’était son cher ami de l’Argent, Brandt, accompagné du Duc et d’une douzaine de ses hommes. Le cœur de Erec manqua un battement quand il repéra Alistair au milieu d’eux. Il lui avait demandé de rester à l’abri au château et elle n’avait pas écouté. Pour ce geste, il l’aimait soudain plus qu’il n’aurait su le dire.
Les hommes du Duc attaquèrent l’armée par derrière au son d’un sauvage cri de guerre, semant le chaos. La moitié du groupe se retourna pour leur faire face et les cavaliers se heurtèrent dans un fracas de métal. Brandt ouvrit la voie avec sa hache à deux mains. Il l’abattit contre le meneur, lui coupa la tête, puis fit tournoyer son épée avant de la planter dans la poitrine d’un autre.
Erec, inspiré, trouva un second souffle. Il profita du chaos et chargea l’autre moitié de l’armée. Lancé au galop, il se pencha et se saisit d’une lance fichée dans le sol, se releva et la jeta avec la force de dix hommes. La lance transperça la gorge d’un soldat et poursuivit son chemin jusqu’à se planter dans la poitrine d’un autre.
Erec leva alors son épée au-dessus de sa tête et l’abattit sur le premier homme sur son passage, sectionnant le manche de sa masse en deux, puis il fit tournoyer sa lame et lui trancha la tête.
Erec poursuivit le combat, se jetant à corps perdu au milieu de ses assaillants avec tout ce qui lui restait d’énergie, perçant, ripostant, bloquant les coups des soldats qui déferlèrent autour de lui. Il leva son bouclier, para les estocades, puis riposta. En quelques instants, tous les soldats convergèrent dans sa direction – des douzaines d’entre eux, attaquant de tous côtés.
Il en tua plus qu’il n’aurait pu compter, mais ils étaient trop nombreux – même si le Duc et ses hommes occupaient maintenant l’arrière-garde. Erec poussa un cri de douleur quand une masse hérissée de pointes le heurta dans le dos. Il tomba à bas de son cheval, soufflé par la violence de l’impact.
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