Ce n’est pas tout: de retour ici j’espérais du moins avoir de vos lettres. Ne voilà-t-il pas qu’un ivrogne de maître de poste à Mourome s’avise de méler les paquets, de manière qu’Арзамас reçoit la poste de Казань, Нижний celle de Лукоянов et que votre lettre (s’il y en a une) s a [37]promène maintenant je ne sais où et me viendra quand il plaira à Dieu. Je suis tout découragé et puisque nous voilà en carême — (dites à Maman que ce carême-ci, je ne l’oublierai de longtemps) je ne veux plus me dépêcher; je laisserai aller les choses, et je resterai les bras croisés. Mon père m’écrit toujours que mon mariage est rompu. Ces jours-ci il m’apprendra peut-être que vous êtes mariée… Il y a là de quoi perdre la tête. Béni soit le P. Chalikof qui enfin m’a appris que la Choléra a diminué. 3Voilà depuis trois mois la seule bonne nouvelle que soit parvenue jusqu’à moi. — Adieu, мой ангел, portez-vous bien, ne vous mariez pas à M rDavidof, et pardonnez-moi ma mauvaise humeur. Mettez-moi aux pieds de Maman, bien des choses à tout le monde. Adieu.
Адрес: Ее высокоблагородию
м. г. Натальи Николаевне
Гончаровой
в Москве
На Никитской в собств. доме.
Перевод
Болдино, 18 ноя.<���бря.>
В Болдине, всё ещё в Болдине! Узнав, что вы не уехали из Москвы, я нанял почтовых лошадей и отправился в путь. 1 [38]Выехав на большую дорогу, я увидел, что вы правы: 14 карантинов являются только аванпостами — а настоящих карантинов всего три. 2 [39]— Я храбро явился в первый (в Сиваслейке Владимирской губ.); смотритель требует подорожную и заявляет, что меня задержат лишь на 6 дней. Потом заглядывает в подорожную. (.....) Вот каким образом проездил я 400 вёрст, не двинувшись из своей берлоги.
Это ещё не всё: вернувшись сюда, я надеялся, по крайней мере, найти письмо от вас. Но надо же было пьянице-почтмейстеру в Муроме перепутать пакеты, и вот Арзамас получает почту Казани, Нижний — Лукоянова, а ваше письмо (если только есть письмо) гуляет теперь не знаю где и придёт ко мне, когда богу будет угодно. Я совершенно пал духом, и так как наступил пост (скажите маменьке, что этого поста я долго не забуду), я не стану больше торопиться; пусть всё идёт своим чередом, я буду сидеть сложа руки. Отец продолжает писать мне, что свадьба моя расстроилась. На днях он мне, может быть, сообщит, что вы вышли замуж… Есть от чего потерять голову. Спасибо кн. Шаликову, который наконец известил меня, что холера затихает. 3 [40]Вот первое хорошее известие, дошедшее до меня за три последних месяца. Прощайте, (мой ангел), будьте здоровы, не выходите замуж за г-на Давыдова и извините моё скверное настроение. Повергните меня к стопам маменьки, всего хорошего всем. Прощайте.
Комментарий
Автограф в парижской коллекции С. Лифаря.
Почтовый штемпель: «Арзамазъ 1830 ноя. 29».
Впервые (в русском переводе): ВЕ, 1878, январь, с. 17—18; по автографу: Письма Пушкина к H. Н. Гончаровой, с. 64—65; фототипическое воспроизведение там же, между с. 64 и 65. Акад ., XIV, № 537.
12. 26 ноября 1830 г. Болдино
D’après votre lettre du 19 Nov. je vois bien qu’il faut que je m’explique. Je devais quitter Boldino le 1-r octobre. La veille j’allais à une trentaine de verstes de chez moi chez la P sseGalitzin 1pour savoir au juste le nombre des quarantaines, le chemin le plus court etc. Comme sa campagne se trouve sur le grand chemin, la P sses’était chargée de savoir tout cela au juste.
Le lendemain 1-r octobre en revenant chez moi, je reçois la nouvelle que la Choléra a pénétré jusqu’à Moscou, que l’Empereur y est 2et que les habitants l’ont tous abandonnée. Cette dernière nouvelle me rassure un peu. Ayant appris cependant que l’on délivrait des certificats pour un passage libre ou, au moins, pour un temps moindre de quarantaine, j’écris à cet effet à Нижний. On me répond que le certificat me serait délivré à Лукоянов (comme quoi Boldino n’est pas infecté). En même temps on m’apprend que l’entrée et la sortie de Moscou sont interdites. 3Cette dernière nouvelle et surtout l’incertitude de votre séjour (je ne recevais de lettre de personne à commencer par M rmon frère, qui se soucie de moi comme de l’an 40) m’arrêtent à Boldino. Arrivé à Moscou, je craignais ou plutôt j’espérais de ne pas vous y trouver , et quand même on m’y aurait laissé pénétrer, j’étais sûr qu’on ne m’en laisserait pas sortir. En attendant le bruit que Moscou était désert se confirmait et me rassurait.
Tout à coup je reçois de vous un petit billet ou vous m’apprenez que vous n’y avez pas songé… Je prends la poste; j’arrive à Лукоянов où l’on me refuse un passe-port sous prétexte que j’étais choisi pour inspecter les quarantaines de mon district. 4Je me décide à continuer ma route après avoir envoyé une plainte à Нижний. Arrivé sur le territoire de Vladimir, je trouve que la grand’route est interceptée et que personne n’en savait rien, tellement les choses sont ici en ordre. Je reviens à Boldino, ou je resterai ju’à a [41]ce que je n’aie reçu le passeport et le certificat, c’est-à-dire jusqu’à ce qu’il plaira à Dieu.
Vous voyez donc (si toutefois vous daignez me croire) que mon séjour ici est forcé, que je ne demeure pas chez la P sseGalitzin, quoique je lui aie rendu une visite; que mon frère cherche à s’excuser quand il dit m’avoir écrit dès le commencement de la Choléra, et que vous avez tort de vous moquer de moi.
Sur ce — je vous salue.
26 nov.
Абрамово n’est pas la campagne de la P sseGalitzin comme vous le croyez — mais une station à 12 verstes de Boldino, Лукоянов en est à 50.
Comme il parait que vous n’êtes pas disposée à me croire sur parole je vous envoyé deux documents de ma détention [forcée .] 5
Je ne vous ai pas dit la moitié de toutes les contrariétés que j’ai eu à [essy] essuyer. Mais ce n’est pas en vain que je suis venu me fourrer ici. Si je n’avais pas été de mauvaise humeur en venant à la campagne, je serais retourné à Moscou dès la seconde station, ou j’ai appris que la Choléra ravageait Нижний. Mais alors je ne me souciais pas de rebrousser chemin et je ne demandais pas mieux que la peste.
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